De mon refuge-ermitage, en ce petit matin, deuxième jour de l’an 2025, je regarde depuis ma fenêtre la neige tomber et blanchir tout ce qu’elle recouvre comme un manteau de miséricorde. Ce tapis ouateux et silencieux m’invite à la méditation alors que je profite de quelques jours de congé après les fêtes de Noël et de Nouvel-an remplies de tant d’agitation… Je mesure ma chance ! Du coup, j’ai envie de vous partager cette petite réflexion inspirée de ma contemplation matinale.
Les flocons tombent un à un, sans bruit, chacun ne représente pas grand-chose mais tous ensemble, ils sont des milliards et des milliards – et ils apportent l’un après l’autre un minuscule et doux éclat de blancheur et de pureté. Nous sommes entrés dans l’Année Sainte, ce 25 décembre en la Nuit de Noël, avec l’ouverture de la Porte Sainte à Rome. Pouvait-il y avoir de meilleur moment que celui-là pour se mettre en route dans l’Espérance, comme les mages ? Et accueillir les grâces de Miséricorde que l’Enfant de la crèche fait pleuvoir sur le monde entier comme ces flocons légers ? (‘Rorate cæli desuper, et nubes pluant iustum’. Cieux, faites tomber la rosée, que le Juste vienne des nuées comme la pluie – la neige, chantait déjà une antienne de l’Avent.)
Le contraste avec la frénésie des fêtes païennes de fin et de début d’année civile m’apparaît du coup tellement énorme, avec pourtantun point commun : le souhait, l’espoir d’un temps meilleur, d’une époque de bonheur – mais exprimé d’une façon radicalement différente.
Pour les non-croyants, cette aspiration ou espoir se manifeste au travers de rituels collectifs quasiment magiques, ces rassemblements de foules bien imbibées d’alcool avec parfois danses (transes) dionysiaques et les feux d’artifice qui explosent à minuit comme une sorte de catharsis pour enterrer l’année finie et saluer celle qui s’ouvre sur l’inconnu qu’on aimerait bien maîtriser (d’où les voyantes qui n’ont jamais autant de travail qu’à ce moment-là)… Il y a quelque chose de très archaïque dans ces pratiques dont les traditionnels vœux de Nouvel-an ne sont qu’une forme très adoucie. (Il y en a aussi qui mettent encore une pièce de monnaie sous leur assiette de la ‘choucroute du Nouvel-an’ pour se porter chance et argent toute l’année).
Le moteur de ces manifestations est donc : l’espoir. Et le moyen attendu : la chance.
Pour les chrétiens par contre, l’espoir se mue en une attitude spirituelle très différente : l’Espérance qui est une vertu, un choix conscient et volontaire donc où l’on entraîne toutes ses facultés pour tendre vers le but qui est la réalisation des promesses de Dieu en Jésus-Christ auxquelles chacun est appelé à collaborer. Et le moyen reçu d’avance : la grâce.
« Que soit donnée à tous l’espérance », a proclamé le pape François au cours de son homélie de la messe de Noël qui suivait l’ouverture de la Porte Sainte. N’est-ce pas ce dont notre monde aujourd’hui a le plus besoin ? Ce dont chacun de nous a le plus besoin ? L’espoir déçoit souvent. L’Espérance, elle, ne déçoit pas, rappelle le pape en citant l’apôtre Paul : « L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné… (Rm 5,5)
Cette année jubilaire est donc placée sous le signe de l’Espérance ; ainsi l’a voulu avec une grande sagesse le Saint-Père en considérant les défis et les souffrances qui ne manquent pas de s’abattre sur le monde en ces temps d’épreuves où tout peut basculer si l’humanité ne se ressaisit pas. Dans ces circonstances, compte tenu de ces enjeux, l’espoir ne suffit pas : il faut que l’humanité en général, les chrétiens en particulier, exercent cette attitude essentielle parce que active et pro-active et qui fait normalement partie de leur ADN spirituel : l’ESPERANCE.
L’Espérance compte sur la grâce, la force de l’Esprit-Saint, mais qui a besoin elle pour se déployer de notre collaboration. L’espoir attend que la chance lui sourie ; l’Espérance, nourrie de la foi en les paroles de vie contenues dans l’Evangile, met le croyant en route pour aller au-devant de ce que son cœur espère et désire, pour former avec ses frères et sœurs baptisés la communauté d’amour et de foi où Dieu est présent et agissant. Foi, Charité et Espérance se donnent ainsi la main, et, dit Péguy, c’est l’Espérance qui entraîne les deux autres.
“ Car l’espérance chrétienne n’est pas une fin heureuse à attendre passivement, ce n’est pas l’happy end d’un film : c’est la promesse du Seigneur à accueillir ici, maintenant, sur cette terre qui souffre et qui gémit. Elle nous demande donc de ne pas nous attarder, de ne pas nous enfermer dans nos habitudes, de ne pas nous enfoncer dans la médiocrité et la paresse ; elle nous demande – dirait saint Augustin – de nous indigner des choses qui ne vont pas et d’avoir le courage de les changer ; elle nous demande de devenir des pèlerins à la recherche de la vérité, des rêveurs qui ne se lassent pas, des femmes et des hommes qui se laissent bouleverser par le rêve de Dieu, qui est le rêve d’un monde nouveau, où règnent la paix et la justice.” (Pape François, Ouverture de la Porte Sainte et messe de la Nuit de Noël, Zénit)
« Qu’as-tu fait de ton Baptême ? » interpellait vigoureusement Jean-Paul II lors de son voyage en 1980. Plus peut-être que la foi de nos baptêmes, est-ce que ces prophètes qu’ont été ou sont nos papes, nos pasteurs, ne devraient-ils pas nous demander aussi : « Eglise, peuple de Dieu, qu’as-tu fait de ton espérance ? » Nos Eglises, nos communautés, semblent aujourd’hui tellement repliées frileusement sur elles-mêmes, sur leurs problèmes de fonctionnement, leurs traditions, leurs rites, et oublieuses que le monde les attend pour délivrer ce message d’Espérance inouï qu’un Dieu aime les hommes au point de se faire l’un d’eux. Il est urgent de sortir ! …EN ROUTE VERS L’ETOILE !
« À nous, à nous tous, incombe le don et l’engagement de porter l’espérance là où elle a été perdue : là où la vie est blessée, dans les attentes trahies, dans les rêves brisés, dans les échecs qui brisent le cœur ; dans la lassitude de ceux qui n’en peuvent plus, dans la solitude amère de ceux qui se sentent vaincus, dans la souffrance qui laboure l’âme ; dans les longues journées creuses des prisonniers, dans les chambres étroites et froides des pauvres, dans les lieux profanés par la guerre et par la violence. Porter l’espérance là, semer l’espérance là. Le Jubilé s’ouvre pour que soit donnée à tous l’espérance, l’espérance de l’Évangile, l’espérance de l’amour, l’espérance du pardon. » (ibidem) . Et toi, chère sœur, cher frère, où en est TON Espérance ? Vas-tu saisir cette occasion, en cette année de Jubilé ?
“Ne restez pas immobile !” conclut le Saint-Père.
Chère amie, cher ami chrétien.ne, avant de clôturer cette méditation en laissant la parole à François dont je transcris ci-dessous le lien vers l’intégralité de son homélie extraordinaire, je vous invite à la douce patience et persévérance du flocon de neige : S’il sait très bien qu’à lui tout seul il ne saura pas tout faire, et même si peu, il est certain aussi – dans l’Espérance – qu’avec l’aide de tous ses frères et sœurs venus du même nuage d’Amour divin, il va recouvrir petit à petit les laideurs et les souffrances de la terre pour y apporter la consolation et la miséricorde du Cœur divin de Jésus d’où vient toute guérison et blancheur.
« Dieu dit à chacun : il y a de l’espérance pour toi aussi ! Il y a de l’espérance pour chacun d’entre nous. Mais n’oubliez pas, sœurs et frères, que Dieu pardonne tout, Dieu pardonne toujours. N’oubliez pas cela, c’est une manière de comprendre l’espérance dans le Seigneur […] Ma sœur, mon frère, en cette nuit, c’est pour toi que s’ouvre la « porte sainte » du cœur de Dieu. Jésus, le Dieu-avec-nous, est né pour toi, pour moi, pour nous, pour chaque homme et chaque femme. Et tu sais ? Avec Lui, la joie fleurit, avec Lui la vie change, avec Lui l’espérance ne déçoit pas. »
BONNE ET SAINTE ANNEE 2025 ! Abbé Bernard Pönsgen

Texte integral de l’homélie du pape François : « Que soit donnée à tous l’espérance » | ZENIT – Français







Merci beaucoup, Bernard, pour ce texte magnifique qui redonne… espérance en ce début d’année ! Qu’elle soit bonne, heureuse et sainte pour toi René
https://www.avast.com/sig-email?utm_medium=email&utm_source=link&utm_campaign=sig-email&utm_content=webmail Sans virus.www.avast.com https://www.avast.com/sig-email?utm_medium=email&utm_source=link&utm_campaign=sig-email&utm_content=webmail <#DAB4FAD8-2DD7-40BB-A1B8-4E2AA1F9FDF2>
Ping : NEWSLETTER DE L’U.P. « PAYS DE SAINT REMACLE STAVELOT – FRANCORCHAMPS 7 janvier 2025 | «Pays de saint Remacle
Ping : NEWSLETTER DE L’U.P. PAYS DE SAINT REMACLE STAVELOT-FRANCORCHAMPS 11 février 2025 | Pays de saint Remacle
J’apprécie beaucoup cette comparaison des flocons de neige! Moi aussi, ils m’invitent à la contemplation, l’intériorité mais, dans la méditation présente, je découvre la dimension communautaire d’un tapis de neige; c’est rassurant de savoir qu’on peut beaucoup avec d’autres, ensemble et qu’on n’est pas seul…Avec l’âge, les ennuis de santé, on est plus souvent seul et on ne sait plus guère susciter des élans de solidarité, on ne sait plus entraîner un groupe pour…C’est parfois pesant et triste de sentir ses limites. Heureusement, on peut toujours prier l’Esprit Saint pour qu’il suscite des actions, des démarches dans le coeur de plus jeunes dynamiques…Contempler la nature, c’est se mettre à l’écoute de Dieu…Merci Bernard pour ce partage!