L’ESPERANCE: CHOISIR ENTRE VIVRE ET SURVIVRE – méditation du Ploumtion 5

On vit quand même une drôle d’époque… ! Le gouvernement français vient de décider – après les pays scandinaves et la Pologne, et la Belgique qui l’envisage – de faire distribuer dans tous les foyers…un « manuel de survie » qui prend en compte quatre risques majeurs :

  • Catastrophe naturelle
  • Pandémie
  • Accident industriel (nucléaire, chimique…)
  • Et enfin… conflit armé !

On se doute que c’est surtout ce dernier risque qui a retenu l’attention. Le copinage récent entre Trump et Poutine sur le dos de l’Ukraine, mais surtout le lâchage complet de l’Europe par les Etats-Unis – traditionnel parapluie militaire de l’Europe depuis la guerre froide, cette situation a fait sursauter toutes les chancelleries européennes qui ont compris que désormais, elles ne devaient plus compter que sur elles-mêmes pour assurer leur défense. Du coup, tous les dirigeants de ces pays devenus soudain sans protecteur sont en train de se demander comment remettre en route une conscience et une solidarité nationale dans leur population, laquelle depuis 80 ans nageait dans un sentiment de sécurité quasi absolu et dont la seule préoccupation était et reste de profiter au maximum de la société de consommation et de ses avantages, garantis par ce sentiment de paix et de sécurité qui paraissait éternel.

On tombe de (très) haut ! Sans m’appesantir sur ces jeux internationaux et militaro-mercantiles qui se passent bien au-dessus de nos têtes, je pense que, malheureusement, au lieu de rassurer et de rendre plus résiliente une population qui se sent de plus en plus déboussolée et inquiète face aux changements radicaux qui agitent le monde, l’effet de ce fameux « manuel de survie » sera à mon avis juste inverse (mais c’est peut-être ce qui est voulu – il faut bien justifier les milliards que l’on va investir dans l’armement). Donc, on va encore rajouter de l’inquiétude et de la peur dans la tête des gens. Et avec cela, très probablement, augmenter cette tendance au repli sur soi qu’on observe déjà un peu partout. Et cela peut être électoralement porteur pour certaines mouvances politiques.

Que conseille donc ce manuel de survie ?

  1. Se protéger. Il s’agit de « se protéger soi, mais aussi protéger les personnes autour : la famille, les voisins… » Il est aussi question du « kit de survie » à avoir chez soi en cas de grave crise. Dans le détail, il est recommandé d’avoir au moins six litres d’eau en bouteille, de disposer d’une dizaine de boîtes de conserve ou encore d’avoir des piles et une lampe torche si l’électricité est coupée. Une radio aussi pour pouvoir se tenir au courant dans son abri pour savoir si la terre est encore habitable… Il est aussi recommandé d’avoir du paracétamol, des compresses et du sérum physiologique dans sa pharmacie. (Se souvient-on de la ruée sur le papier toilette au début du Confinement lors de la pandémie du Covid 19…)
  • Prévenir. La deuxième partie intitulée « Que faire en cas d’alerte ? » s’intéresse à la conduite à tenir en cas de menace imminente. Il est rappelé les numéros d’urgence (pompier, police, Samu…) et la marche à suivre selon le type de crise auquel il faut faire face. Il est indiqué par exemple de bien fermer les portes de son logement en cas d’accident nucléaire et d’éteindre le gaz. (Ben tiens !)
  • S’engager : La dernière partie se veut « civique ». Intitulée « Engagez-vous », elle explique comment s’inscrire dans une réserve, qu’elle soit militaire, numérique ou communale. (Bien sûr, il n’est pas inutile de susciter des réflexes de solidarité pour pouvoir compter sur des volontaires en cas de besoin, mais est-ce que cela ne va pas aussi encourager d’autre part des individus et des groupes « survivalistes » qui s’arment eux-mêmes en prévision des conflits ? – il existe déjà des manuels pour « survivre en cas d’effondrement civilisationnel » qui fleurissent sur internet.)

Cette démarche de former la population à la « survie » a de forts relents de la fin des années 30, de sinistre mémoire, où de telles publications avaient déjà lieu.  

Bon. Moi, je ne suis qu’un petit belge. Mais je suis aussi citoyen européen et citoyen du monde. Et, par-dessus-tout, je suis un chrétien catholique (ce qui veut dire universaliste en grec). Comme mon Dieu, j’ai foi en l’humanité. Donc, je ne me résous, je ne me résigne pas à la guerre – potentielle, possible, probable ou certaine.

Alors, pour remettre les pendules à l’heure, et sans pour autant se mettre la tête dans le sable, je voudrais proposer en guise de « manuel de survie » une autre attitude, inspirée par ma foi : je préfère le terme « de vie » à celui « de survie », car c’est ce à quoi nous invite l’Evangile qui en soi est le meilleur guide que l’on puisse trouver !

Donc, voilà mon « manuel de vie » :

  • Au lieu de « fermer les portes », avoir toujours une porte ouverte et une main tendue pour accueillir celui qui a besoin d’aide. (cf Mt 25,31-40)
  • Me soucier des plus fragiles et chercher à répondre à leurs besoins avant de me protéger moi des autres. (cf Mt 6,26-32)
  • Avoir la « radio » de ma prière branchée en permanence sur l’émetteur Dieu et Sa parole vivante qui réjouit et fortifie le cœur. (cf Mt 6,6 et Mt 7,7-12) – les « piles » avec l’énergie d’En-haut: « La joie de Dieu est votre rempart ». (Neh 8,10)
  • Avoir à portée de main des réserves inépuisables de douceur, d’empathie, d’écoute et d’amour fraternel. (Gal 5,22)
  • Transformer la méfiance et la peur en confiance en refusant les jugements stigmatisant et les excès verbaux des réseaux sociaux (par exemple). (cf Luc 6,37)
  • Toujours dire à son entourage des paroles bonnes et constructives, positives et encourageantes ; refuser le catastrophisme et la sinistrose mais cultiver la bienveillance. (cf Eph 4,29)
  • Voir dans chaque personne, fût-elle la plus abîmée, la plus méchante, la plus repoussante, avant tout un fils, une fille de Dieu comme moi et pour laquelle Jésus a donné aussi sa vie. Choisir de prier pour les ‘persécuteurs’. (cf Mt 5,44)
  • …etc.

Comme le disait Jean-Pierre Delvaux dans l’édito de la matinale (1RCF) de ce 19 mars, en parlant du rapport de la Fondation « Ceci n’est pas une crise » concernant les réactions et le comportement des belges provoqués par l’anxiété dans notre société : « la première chose est de prendre tout ceci au sérieux, avec une bonne dose d’esprit critique ».

Il poursuivait : « Alors, que faire, nous, croyants et humanistes, sinon s’informer et s’informer encore ? Se laisser étonner – et puis : résister ! Cultiver ‘le courage de la nuance’ – ce beau titre de l’ouvrage de Jean Birnboom. Pointer aussi autour de nous tout ce qui est déjà en résistance, en espérance ; et ainsi nous efforcer d’être le sel de la terre. »

« C’est bien ce que je nous souhaite », concluait Jean-Pierre Delvaux, et ce sera aussi ma conclusion.

Le Ploumtion

3 réflexions au sujet de « L’ESPERANCE: CHOISIR ENTRE VIVRE ET SURVIVRE – méditation du Ploumtion 5 »

  1. Avatar de winnertechnicallyebee923c5dwinnertechnicallyebee923c5d

    merci Bernard pour ce magnifique témoignage d’espérance. Gardons toujours l’espérance au fond de notre cœur et partageons-la avec les autres. Françoise Bonnetin

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  2. Avatar de furryab4c1c95f9furryab4c1c95f9

    J’allais finir quand tout s’est effacé!!!je terminais en disant : vivre Ensemble ou mourir ENSEMBLE mais je ne suis pas faite pour vivre dans un bunker! Recréons des relations humaines vraies, de l’amour fraternel…Je défendrai les valeurs des relations humaines jusqu’à la fin de ma vie! Bravo pouur la technique mais la technique n’a pas d’âme ni de coeur … Merci Bernard pour ces réflexions si profondes. (Suzanne Carabin-Diérickx)

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