« L’ESPERANCE COMME UNE CORDE » – méditation du Ploumtion n°6

« l’espérance est une corde qui nous relie à une vérité pas encore vécue ».

Depuis plusieurs jours, je me demandais ce que le « Ploumtion » (votre serviteur, sobriquet inventé pour ne pas me prendre au sérieux) pourrait bien vous partager dans la suite de ses méditations sur le thème de l’Espérance.  Je séchais, je l’avoue… et puis, l’actualité, comme toujours, accaparait mon esprit et ma plume (enfin, ma souris…).

Et voilà que cette phrase notée un jour au hasard de mes lectures, remonte tout-à-coup à ma mémoire. Un trait de lumière !

« L’espérance est une corde qui nous relie à une vérité pas encore vécue ».

J’ignore totalement qui en est l’auteur. Mais elle a nourri chez moi une réflexion que j’aimerais vous partager. Le mot clé de cette définition est « vérité ». Si notre espérance repose sur un mensonge, ce n’est pas de l’espérance, c’est un simple désir ou un vœu pieux. Si nous attachons notre espérance à autre chose que la vérité, et plus particulièrement la vérité révélée par Dieu dans sa Parole, nous serons probablement déçus.

Le monde aujourd’hui regorge d’une quantité phénoménale d’assertions mensongères et de fausses promesses, qui nous sont servies aussi bien par la politique politicienne que par la société de consommation. Le bonheur est à portée de mains ! « Toutes les idoles du pays, ces dieux que j’aimais, ne cessent d’étendre leurs ravages, et l’on se rue à leur suite » (Ps 15,3). Des mirages ! Et qui sont relayés par l’énorme machine médiatique au service des grandes industries et des gens au pouvoir, des influenceurs du moment.

Au bout du compte, ces promesses fallacieuses finissent tôt ou tard par laisser un goût amer, avec une cohorte toujours plus grande de gens qui se retrouvent largués sur le bord du chemin, sans plus d’espoir avec leurs rêves brisés… Le résultat est que beaucoup finissent par ne plus croire en rien ; ils ne savent plus faire la différence entre le mensonge et la vérité : Tout devient suspect, manipulation, « fake news »… On est vacciné – croit-on – contre tous les discours, les institutions, les religions elles-mêmes – ce qu’on appelle souvent d’un mot : le « système ». De cette façon, cette déception et cette défiance nourrissent le complotisme, qui en fait constitue en lui-même un amalgame et un échafaudage de croyances -les plus fantaisistes et les plus délirantes parfois- dans lesquelles on s’enferme radicalement, refusant toute discussion et toute argumentation rationnelle et nuancée. Ce complotisme développe une vision sombre et pessimiste de l’avenir et une forme de repli qui se situe directement à l’opposé de la vertu chrétienne de l’Espérance.

Or, ce dont notre monde a le plus besoin aujourd’hui, c’est bien justement l’espérance ! C’est le moteur qui fait avancer les femmes et les hommes, les tire de la stagnation et du désenchantement pour se mettre à rechercher une vie meilleure et à construire une société plus humaine. On ne peut pas tuer l’espérance, parce que si on tue l’espérance, on tue aussi l’homme – la vie ! Mais pour exister, l’espérance a besoin d’un objet, et cet objet est une Vérité : quelque chose de définitif, d’irrécusable et de non falsifiable. Pour moi, cette Vérité est Quelqu’un, c’est Dieu lui-même. « J’ai mis mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole » (Ps 129,5 ; Ps 40,1). C’est le Christ « le chemin, la Vérité… » (Jn 14,6).

Quoi de plus solide, de plus stable ? Mais suivre le Christ, s’attacher à sa parole de vérité, c’est avant tout vivre une expérience existentielle : je le vois bien lorsque j’accompagne des catéchumènes ou des recommençants qui (re)découvrent la foi chrétienne. C’est presque toujours suite à une expérience personnelle, une rencontre salutaire qui a bouleversé leur vie, qu’ils se mettent à chercher à approfondir ce qu’ils ont perçu comme une Vérité. Cette dimension existentielle est soulignée dans la phrase :

« L’espérance est une corde qui nous relie à une vérité pas encore vécue ».

En effet, quand on a expérimenté quelque chose de Dieu qui nous a ébloui comme un éclat de sa Vérité, nous comprenons du coup que cette Vérité ne se dévoile qu’au fur et à mesure que nous cherchons à la vivre concrètement dans notre propre existence. On est vis-à-vis d’elle dans un rapport qui n’est pas simplement d’adhésion intellectuelle, mais dans une « praxis » qui nous transforme en vivant la Parole du Christ c-à-d en l’exerçant concrètement. Elle devient vraie, véridique, en moi, en nous. Donc, il est juste de dire que cette « vérité pas encore vécue » est toujours devant nous, comme une parole à accueillir et à vivre nouvellement chaque jour pour qu’elle réalise ce qu’elle dit.

Voilà donc le chemin chrétien qui est un chemin d’espérance, puisque nous tendons vers cette Vérité, une Vérité ultime mais qui se donne à vivre pas à pas, petit à petit, en nous dévoilant Dieu qui est notre à-venir. Espérer, c’est m’attacher chaque jour à cette parole de vérité pour la faire advenir dans ma vie et la laisser me changer et changer le monde. Tout un travail, en somme ! Mais qui a besoin pour cela de l’Esprit-Saint… et de la « corde » !

« L’espérance est une corde qui nous relie à une vérité pas encore vécue ».

Et j’en viens enfin à la corde, parce que c’est cette image qui m’a frappé, bien sûr. De quoi est faite une corde ? De torons de plusieurs fils patiemment tressés, entortillés les uns avec les autres en les serrant fort pour que la corde devienne solide et ne lache point lorsqu’elle subira des tractions.

Cette image me parle, et je me dis qu’elle est bien adaptée à nous qui essayons tant bien que mal d’être dans l’espérance et la foi alors que nous vivons dans ce monde qui peut être si dur et désespérant, avec en plus nos propres fragilités et nos doutes… En fait, on ne peut pas -ou très difficilement- espérer tout seul ! Les hommes et les femmes d’espérance et de combat, les ‘blocs de granit’, cela ne se rencontre pas à tous les coins de rue ! On est plus souvent ballotés entre scepticisme, résignation, fatalisme, et malgré tout, l’envie de se raccrocher à quelque chose de lumineux, quelque chose de solide qui nous empêche de dériver vers le doute absolu… une corde par exemple.

Eh bien, si chacune et chacun d’entre nous, mes amis, nous apportions notre petit fil d’espérance si fragile à la Communauté pour l’unir à celui des autres en une tresse bien serrée, les torons que nous formerions deviendraient une corde incassable ! Et sur cette corde qui est aussi pour moi quelque part l’image du Christ, d’innombrables autres femmes et hommes, jeunes et âgés, de tous milieux et de chemins divers, pourraient se greffer et pourquoi pas, finalement, entourer le monde entier de ce lien d’Espérance et de Fraternité par lequel Dieu nous attirera tous à Lui !

…J’aimerais vous dire que c’est ce que, modestement, nous essayons de vivre dans nos groupes de « Lectio divina », groupes fraternels de partage de foi, d’espérance et de vie… Qu’est-ce qui vous empêcherait de nous rejoindre ?

Bonne montée vers le sommet de Pâques, et surtout… ne lâchez pas la corde !

Le Ploumtion

Une réflexion au sujet de « « L’ESPERANCE COMME UNE CORDE » – méditation du Ploumtion n°6 »

  1. Avatar de furryab4c1c95f9furryab4c1c95f9

    Que dire de plus? Cette image de la corde est parlante et je trouve bien et original de l’utiliser pour l’espérance. C’est vrai qu’on a besoin des autres pour espérer et que chacun est une fibre de cette corde, parfois solide, parfois fragile… Il y a des visites, des rencontres qui raniment notre espérance…Merci Bernard! (Suzanne Carabin-Diérickx)

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