
Un pape est mort.
Pardon : François est mort.
…Francesco, Franciscus, Francis, Franck, Franciszek…
Cet homme était d’abord un prénom ; prénom qu’il s’était choisi le jour de son élection, en référence à saint François d’Assise. Comme il l’a expliqué quelques jours plus tard, « François est le nom de la paix. Et c’est ainsi que ce nom est entré dans mon cœur. »
Très Saint-Père, me permettez-vous de vous dire que ce prénom que vous avez si bien porté est aussi entré dans notre cœur aujourd’hui comme celui d’un homme, d’un chrétien qui ne s’est pas seulement battu pour la cause de Dieu, mais aussi pour celle de l’Homme, des femmes et des hommes qui constituent l’humanité et que vous avez tous appelés vos frères (encyclique Fratelli tutti). Vous avez ouvert tant de portes ! Bien des petits, des pauvres, des malades, des pécheurs, des immigrés, des ‘personnes différentes’ ou exclues… se sont sentis rejoints et aimés par vous, et par vous de Dieu ! Quel bel et fort exemple vous avez donné à l’Eglise, que vous souhaitiez voir devenir « un hôpital de guerre » pour tous les blessés de la vie.
J’ajouterai, si vous voulez bien, que ces témoignages reçus au travers de vos paroles et de vos gestes m’ont profondément marqué -comme beaucoup de mes frères dans le ministère- et influencé ma façon d’être prêtre. Je vous en suis profondément reconnaissant. Votre pontificat restera pour moi celui d’une Eglise qui vit et pratique largement la miséricorde et la réconciliation, l’ouverture à tous sans exclusive ni préférence – en tout cas, selon l’exemple que vous nous avez donné. C’est ce que je retiendrai personnellement de l’œuvre que Dieu vous a donné de réaliser au cours de ces 12 années.
Sans doute, les commentateurs retiendront un certain nombre d’autres aspects de votre pontificat et de votre personnalité, qu’ils souligneront avec plus ou moins de sympathie ou de critique, selon leur sensibilité, leur conviction ou lieu idéologique. C’est normal. On vous trouvait trop à gauche pour les conservateurs, trop à droite pour les progressistes… En fait, cela ne vous détournait pas de vos engagements ; pour vous l’Evangile n’est ni de gauche ni de droite ! On vous a décrit aussi comme autoritaire, têtu, peu sensible aux questions féministes, fermé au mariage des prêtres ou à l’ordination des femmes et rigide dans les domaines éthiques tels que l’avortement, l’euthanasie… C’est souvent une question d’angle par lequel ces situations sont abordées, car le respect des personnes était profondément inscrit dans votre credo personnel (« qui suis-je, moi, pour juger ? ») – mais est-ce que vous vous sentiez le droit de changer la doctrine elle-même ? Vous n’étiez que le pape, après tout, et ces questions délicates demandent le discernement et l’adhésion de l’ensemble de la communauté ecclésiale, éclairée par l’Esprit Saint, pour oser des décisions qui soient évangéliquement justes. L’Eglise ne se prononce pas à la légère quand elle engage la foi et la vie de tous les croyants.
Très Saint-Père, que je suis heureux de ne pas être à votre place ! Quelle responsabilité sur vos épaules, car vous deviez en toutes choses garantir et protéger l’unité de l’Eglise. C’est pour ce travail-là que le Seigneur vous avait choisi et envoyé. C’est la mission première de l’évêque de Rome, serviteur des serviteurs. Merci de l’avoir remplie avec les charismes qui vous étaient propres : votre humilité, votre bienveillance, votre persévérance, votre attention aux plus fragiles et aux petits, votre ouverture aux ‘périphéries’, et surtout votre amour de Jésus et de son Cœur de berger auquel vous avez essayé de ressembler tout au long de votre mission de prêtre et d’évêque. Votre humour aussi, votre bonhomie, votre délicatesse, votre sagesse humaine et spirituelle qui rejoignait directement les plus grands comme les plus simples. Cela nous faisait voir le pape comme quelqu’un qui est au fond pareil à nous, proche de chacun. Je me plais à imaginer Jésus agissant de la sorte avec les gens qu’il rencontrait.
Alors, encore, cher pape François, un sincère et énorme MERCI ! Que le Seigneur vous accueille avec toutes les brebis dont vous avez pris soin en Son nom et avec le Poverelleo, le petit pauvre d’Assise qui, avec saint Ignace, a été votre modèle. Que Dieu vous garde en Sa paix et vous accorde le repos bien mérité près de Lui. Continuez de prier pour nous et pour tout le peuple chrétien qui poursuit sa marche vers le Royaume : Ce chemin que vous avez contribué à baliser, nous le parcourrons en « pèlerins d’espérance », tous ensemble avec le successeur que Dieu nous enverra, dans la confiance que le Seigneur ressuscité marche toujours avec nous comme à Emmaüs !
Bernard, prêtre
Réflexion :
Depuis le moment où, ce matin, la nouvelle du décès du pape François est tombée, les chaînes de radio et télévision ont toutes interrompu leur programme pour improviser des émissions spéciales toute la journée : il est question de façon interrompue du pape François, de son style, de ses priorités pastorales, de ses relations publiques et de sa communication, des répercussions internationales de sa « politique », etc. Le ton des journaux est évidemment varié selon les tendances idéologiques ; ainsi, certaines chaînes ont choisi de faire intervenir des représentants de la laïcité ou des religieux non-conformistes comme Gabriel Ringlet pour insister unilatéralement et lourdement sur la question douloureuse de la pédocriminalité dans l’Eglise, un dossier qui selon eux ternirait le pontificat de François – déballage assez indécent à mon avis le jour même de son décès. Je crois que le pape a fait ce qu’il fallait faire (Benoît XVI avait déjà commencé), imposant pratiquement dès le début de son pontificat à tout évêque ou responsable qui aurait connaissance de tels faits de les dénoncer immédiatement à la justice civile, de faire droit aux exigences de réparation, et en demandant que les causes de ces déviations et de ces crimes soient analysées aux fins d’éviter leur réitération.
Cela étant, le ton général des commentaires est assez positif ; on est même étonné qu’on accorde autant d’importance à cet événement dans un monde -surtout en occident- où l’Eglise n’a plus du tout le même poids et où le nombre des fidèles est en forte décroissance. Même si on prend en compte la fascination qu’exercent aujourd’hui dans la sphère médiatique et populaire les personnages «vedettes», les maîtres et les puissants qui dirigent le monde – qu’on les craigne ou qu’on les admire – je me dis qu’il y a peut-être aussi encore une autre raison à cet intérêt : Au fond, si dans notre société tellement sécularisée et laïcisée, la disparition et le remplacement d’un chef religieux semble provoquer un tel séisme, est-ce que ce ne serait pas quelque part la manifestation qu’il existe dans la conscience collective comme une attente obscure vis-à-vis de cette institution et du personnage qui la représente – le pape : une attente de sagesse, d’équilibre et de permanence dans un monde et une société en pleine ébullition culturelle, morale, sociale et politique, en perte de repères et avec un fort sentiment d’instabilité et de fragilité tant écologique que du vivre-ensemble mondial, et où l’avenir semble peu assuré voire gravement compromis… Le manque de spiritualité réelle dans cette culture consumériste et matérialiste qui est celle où nous baignons peut aussi créer un ‘appel d’air’ pour une partie de nos contemporains – surtout chez les jeunes (voir le nombre grandissant de convertis et de néo-catéchumènes). Il faudra accueillir cette attente, ces demandes, et les transformer en vraie rencontre !
En somme comme disait un commentateur, nous sommes peut-être- l’Eglise est probablement à un tournant, parce que la société est à un tournant… ! L’Eglise -soutenue par l’Esprit-Saint- saisira-t-elle l’occasion ?
BP



Merci, cher Monsieur l’abbé, pour votre témoignage réjouissant et votre analyse des réactions ! Nous avons été formidablement encouragés par le pape François, en effet, renouvelés dans notre manière de suivre le Christ, qui l’accueille, sans l’ombre d’un doute, comme un frère bien-aimé, un ami !
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MERCI…et BRAVO chez Bernard…. On pourrait même voter pour toi….. Bisous et grand BRAVO….c’est bien dit…. Jan et Rosa ❤️❤️
Merci entre autres d’avoir souligné le reportage très orienté de la RTBF. Il ne pouvait en être autrement avec Françoise Baré et Gabriel Ringlet en invités. L’amour que François portait aux plus faibles, son humilité, sa capacité à dénoncer les injustices et tant d’autres qualités semblent leur avoir complètement échappé. Brigitte
Merci Bernard, pour votre partage. Notre cher pape François nous a quitté le lundi de Pâques, n’est-ce pas là un grand un signe d’espérance et de résurrection pour toute l’humanité.
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