
Alors que chez nous vient de s’ouvrir le « mois de Marie » plein de douceur et de tendresse, que les catholiques célèbrent par des chants, des processions et prières du rosaire adressés à leur maman du ciel, et que l’on se prépare aussi à fêter nos mamans de la terre…, ailleurs, sur ce bout de terre maudit qu’est la bande de Gaza, d’autres mamans pleurent de ne plus pouvoir nourrir leurs enfants qui meurent à petit feu.
J’ai été violemment choqué de voir les images et le reportage diffusé hier soir vendredi sur la RTBF, montrant ces mères se battant pour un peu d’eau ou de soupe, les visages et les corps émaciés des enfants, leurs regards désespérés…, et choqué aussi de constater une fois de plus l’inertie et le désintérêt coupable des gouvernements du monde entier pour ce qui se qui se passe à Gaza et qui est une vraie monstruosité, un crime de guerre que d’aucuns ne manquent pas de qualifier de génocide – accusation qui se voit de jour en jour confirmée par les événements.
Les organisations humanitaire – qui ont aussi payé le prix du sang pour leur action héroïque sur le terrain – ont dénoncé une nouvelle fois ce vendredi une situation qui, si elle perdure encore (et rien ne permet de penser qu’elle ne durera pas), conduira à une mort certaine et atroce des milliers d’enfants, de vieillards et de personnes faibles. Cette situation est évidemment due au blocus alimentaire que l’Etat d’Israël et son armée impose depuis des mois sur tout le territoire de l’enclave palestinienne. Blocus qui contrevient au droit humanitaire et international le plus fondamental, des Droits de l’Homme aux accords de Genève concernant les populations civiles en temps de guerre.

« Des milliers de personnes vont mourir, à commencer par les plus vulnérables », a expliqué Gavin Kelleher, un responsable de l’accès humanitaire, qui travaille pour le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) et récemment rentré de Gaza. Plus tôt, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait prévenu que « la réponse humanitaire à Gaza est au bord de l’effondrement » et imploré d’agir de toute urgence, « faute de quoi Gaza s’enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir ». La mort est au bout du processus, et rien qu’elle.
Imploré qui ? … qui doit-on implorer ?
– Israël et son gouvernement d’extrémistes mené par le radical et sans scrupules Netanyahou, qui, selon ses propres affirmations, ne reculera devant rien ni aucun massacre pour éradiquer totalement le Hamas ?
– Le Hamas, pour qu’ils déposent enfin les armes et libèrent les otages encore vivants en cessant de se cacher derrière la population martyrisée ?
– Les gouvernements et la diplomatie des grandes puissances mondiales focalisées sur leurs stratégies de domination et de conquête, plus concernées par leur rivalité économique et politique (le « MAGA ») que par le sort des peuples et des minorités ?
– Les opinions publiques et les citoyens des démocraties européennes, plus soucieux en ce printemps ensoleillé et bientôt l’été, d’organiser leurs vacances à l’étranger et réserver leur séjour, en profitant de l’offre exponentielle de transport aérien vers des destinations exotiques – sauf évidemment vers des pays comme l’Ukraine, Gaza, la Somalie… ?
– Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, empêtré dans ses incessants vetos et tellement discrédité et réputé incapable – puisqu’en effet aucune des résolutions de l’ONU n’a jamais été respectée par Israël comme d’ailleurs celles qui délimitaient le territoire entre Israël et Palestine, bafouées par une colonisation illégale intense et des annexions de fait… ?
– Le Dieu des chrétiens ou celui des musulmans ? La Sainte Vierge ?
Peut-être en effet aurait-on plus de chance de ce côté-là pour apprendre ce que signifie être humain, avoir le sens de l’humanité !

Dans ce drame qui se joue devant nos yeux, je me sens aussi impuissant que tout un chacun, mais je refuse de détourner le regard : Je veux donner la parole aux mères, afin de lutter contre l’indifférence qui condamne tous ces enfants de Dieu à la mort sans un soupir. Je me souviens de ma propre maman qui pleurait devant les images diffusées en ce temps-là par la télévision, de ces enfants du Sahel que la famine réduisait à l’état de squelettes vivants aux grands yeux interrogatifs…
Nous devons nous souvenir de nos propres mères pour compatir vraiment avec celles qui ont le cœur déchiré, transpercé par le glaive de voir mourir leur enfant sans qu’elles ne puissent rien faire – évidemment, nous voilà au pied de la Croix avec Marie.
Que tous les décideurs et les influenceurs du monde entier, les combattants de tous les bords, pensent à leur mère qui leur a donné la vie et qui a veillé sur eux en se sacrifiant souvent-toujours, et choisissent enfin le camp de la vie : C’est celui des mères, un camp qui n’a fondamentalement ni race ni nationalité ni religion ni autre catégorie sociale ou politique de séparation, de discrimination, d’idéologie de haine ou de vengeance, rien pouvant justifier la guerre par n’importe quel moyen, où meurent des enfants.

Je sais bien que, des deux côtés des protagonistes de ce drame, des mères plus ou moins fanatisées crient vengeance car elles sont comme « Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, parce qu’ils ne sont plus » (Mt 2, 18 – Jr 31,15) ; mais il y en a aussi beaucoup qui, pleurant silencieusement comme Marie au pied de la Croix de son fils, espèrent en Dieu et croient encore en l’humain, en la vie. Elles se font solidaires en partageant ce qu’il leur reste pour vivre, comme la veuve de Sarepta (Rois 17,8-16). Nous en avons aussi connu de telles dans les camps nazis de la mort ; en elles, femmes et mères, c’est l’Humanité qui est préservée !
Avec ces mères flambeaux d’espérance et combattantes de la vie, sachons, nous aussi, choisir le camp de la vie, refuser la haine et nous engager pour faire bouger les lignes chez les décideurs et les combattants en en appelant à notre commune humanité, celle reçue précisément de nos mamans ! Ne serait-ce pas la meilleure façon de leur souhaiter une « bonne fête » ?
Le Ploumtion – publié le 3 mai 2025 à Stavelot
NOTE : Suite à l’article précédent, plusieurs personnes m’ont demandé comment elles pouvaient agir concrètement pour sauver les enfants de Gaza affamés et assoifés à cause du blocus mis en place par Israël. Nous pouvons interpeller notre gouvernement belge afin qu’il fasse pression sur l’Etat hébreu et son premier ministre Netanyahou, en signant la pétition en ligne lancée par l’ONG Oxfam que vous trouverez en cliquant sur le lien ci-après : #SpeakUpForPalestine ; il est possible aussi de faire un don à différentes ONG afin de relancer l’aide alimentaire à la population de Gaza – une fois qu’Israël aura accepté de lever le blocus. MERCI DE TOUT COEUR POUR LES ENFANTS ET LES MERES DE GAZA ! Le Ploumtion

Complément : Article de Nina Larson – Agence France-Presse à Genève :
Après deux mois de blocus total à Gaza, les opérations humanitaires «au bord de l’effondrement»
Deux mois après le début du blocus total imposé par Israël à l’entrée de l’aide à Gaza, les organisations humanitaires ont dressé vendredi un tableau terrible d’enfants affamés et de bagarres pour avoir de l’eau. Quelque 2,4 millions de personnes vivent dans l’étroit territoire palestinien dans des conditions catastrophiques, après 18 mois d’une guerre qui a fait au moins 52 500 morts, essentiellement civils côté palestiniens.
Les autorités israéliennes ne laissent entrer aucune aide humanitaire dans le but avoué de forcer le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle le territoire, à libérer les otages qu’il détient encore depuis son attaque du 7-Octobre 2023 en Israël. Selon l’armée israélienne, 58 sont toujours retenus à Gaza, dont 34 sont morts.
Depuis le début du blocus, les Nations unies n’ont eu de cesse d’alerter sur l’illégalité de la mesure au regard du droit humanitaire international, mais aussi sur les risques réels de famine. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé il y a une semaine avoir distribué ses « derniers stocks de nourriture » aux cantines et les 25 boulangeries que soutient l’organisation ont aussi fermé leurs portes faute de farine et de fioul.
« Blocus mortel »
« Les stocks alimentaires sont désormais quasiment épuisés », a renchéri Olga Cherevko, porte-parole de l’agence humanitaire des Nations unies (OCHA), lors d’une liaison vidéo de Gaza avec les journalistes à Genève. « Les cantines communautaires ont commencé à fermer et de plus en plus de personnes souffrent de la faim », selon elle, évoquant des informations faisant état de décès d’enfants et d’autres personnes vulnérables en raison de la malnutrition. « Le blocus est mortel » et « l’accès à l’eau devient également impossible », avertit la responsable, qui travaille à Gaza depuis dix ans.
Elle interrompt son intervention pour expliquer qu’au moment même où elle parle à la presse « juste en bas de ce bâtiment, des gens se battent pour avoir de l’eau ». « Un camion-citerne vient d’arriver, et les gens s’entretuent pour de l’eau », a-t-elle décrit. « Nous avons constaté une augmentation de ce que nous appellerions des pillages par nécessité à travers Gaza… Ce qui se passe maintenant, c’est l’effondrement orchestré de l’ordre civil », souligne Gavin Kelleher.
Ghada Alhaddad, responsable média pour l’ONG Oxfam International à Gaza raconte avoir vu une mère acheter une tomate pour 5 shekels (1,90 $CA) et couper le fruit pour le partager avec ses 4 enfants.
Pour M. Kelleher, Israël « a également créé une situation dans laquelle les Palestiniens ne peuvent pas cultiver leur propre nourriture » ou pêcher. « Gaza est en ruines, les rues sont jonchées de décombres… Souvent, les cris à glacer le sang des blessés s’élancent au ciel après le bruit assourdissant d’une nouvelle explosion », raconte Mme Cherevko.
« Abomination »
Elle a également dénoncé les déplacements massifs, la quasi-totalité de la population de Gaza ayant été forcée de se déplacer à de nombreuses reprises, pour trouver un semblant d’abri ou pour répondre aux injonctions israéliennes. Depuis que le cessez-le-feu de quelques semaines a échoué mi-mars, « plus de 420 000 personnes ont été à nouveau contraintes de fuir, beaucoup avec seulement leurs vêtements sur le dos, pris pour cible, arrivant dans des abris surpeuplés » pendant que les bombardements se poursuivent.
Le directeur des urgences de l’Organisation mondiale de la Santé, Mike Ryan, a quant à lui qualifié la situation à Gaza d’« abomination ».
« Nous brisons le corps et l’esprit des enfants de Gaza. Nous affamons les enfants de Gaza, si nous n’agissons pas, nous serons complices de ce qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit jeudi lors d’une conférence de presse. Mme Cherevko acquiesce, fustigeant les décideurs qui « ont regardé en silence les interminables scènes d’enfants ensanglantés, de membres amputés, de parents en deuil défiler rapidement sur leurs écrans, mois après mois ».
« Combien de sang faudra-t-il encore verser avant qu’on ne dise assez ? »
Nina Larson
Publié vendredi 2 mai 2025 à 17h05

merci Bernard j’ai partagé avec des amis c’est une situation qui me tracasse très fort. Françoise Bonnetin
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